Ce mois-ci, pour son billet du CEO, Jérôme Traisnel, CEO et fondateur de SlimPay va aborder la mise en place de paiements récurrents par prélèvements bancaires ou direct debit pour les entreprises qui ont la particularité et la problématique de réaliser de faibles marges.
Au travers de cette interview, vous découvrirez comment l’Open Banking peut faciliter vos opérations et sécuriser vos transactions pour réduire le risque de non-paiement.
Pour entrer dans le sujet Jérôme, peux-tu nous donner ta vision des enjeux pour les distributeurs et les entreprises à faible marge ?
Oui, tout à fait ! Je pense que pour bien se rendre compte des enjeux de ces entreprises qui réalisent de faibles marges et des avantages que peut leur apporter l’Open Banking, il faut pouvoir se projeter.
Prenons un exemple : les opérateurs de Télépéages.
Nous aurions pu parler d’entreprises dans l’énergie, les télécoms, les assurances voire dans le streaming ou encore de tous les distributeurs et revendeurs.
Toutes ces activités sont relativement similaires dans la conception de leur modèle économique car elles ont en commun de réaliser des marges réduites malgré des chiffres d’affaires importants.
Les sociétés de télépéages sont donc des distributeurs ou des revendeurs : leur métier est de distribuer les services de la concession de leur société mère (dans certains cas) mais également les services des autres concessions au travers de paiements en borne de péages au passage et surtout d’abonnements coupe-fil.
Insight sur le marché des opérateurs de Télépéages :
En France il existe 9 sociétés commercialisant l’abonnement au badge Liber-T. Ce badge permettant de circuler sur toutes les concessions d’autoroutes de France.
Les marges de ces sociétés de Télépéage étant très étroites, il s’agit pour elles d’avoir le meilleur système de paiement électronique apportant le taux d’impayés le plus faible possible.
Le non paiement ayant un impact incroyable sur leur marge, elles font la traque aux mauvais clients.
Donc, l’un des problèmes majeurs qu’elles peuvent rencontrer, ce sont les nouveaux abonnés dont l’IBAN ne fonctionne pas lors du premier prélèvement automatique à la fin du premier mois complet d’utilisation de leurs services.
Pour l’opérateur de télépéage, c’est une perte sèche et un trou dans sa trésorerie.
FOCUS : Quel est le taux d’échec pour les entreprises de Télépéage ?
Le taux de transaction en échec à la première présentation est en moyenne de 3% sur ce segment.
Les deux raisons les plus importantes sont (en % de nombres de R-transaction) :
– 75% de comptes non suffisamment provisionnés (AM04 ou MS03)
– et 8% de payeurs qui contestent avoir autorisé un paiement (MD01).
Toutes les autres raisons sont à moins de 3%.
Autre enjeu pour ces opérateurs avec la même finalité : les semi-professionnels ou professionnels, comme les artisans, qui ont un usage de leurs services extrêmement fréquent.
Ils prennent l’autoroute tous les jours, parfois même plusieurs fois en une seule journée. Dans leur cas, ces professionnels ont des paniers moyens élevés de plusieurs centaines d’euros chaque mois.
Pour les sociétés de Télépéages, cette cible pose un souci de risque de crédit : il leur est hors de question de prélever des paniers aussi importants sans avoir la certitude que le moyen de paiement du client est valide et que le compte bancaire a les fonds suffisants peut être débité.
Encore une fois, la problématique de ces distributeurs qui réalisent une faible marge par client induit la contrainte d’avoir un système de paiement qui sécurise les paiements en éliminant fraudeurs et impayés.
Et donc, cela m’amène au second enjeu pour ces entreprises à faibles marges.
Lorsque le marchand enregistre un nouvel IBAN dans son processus de paiement, il n’a pas la garantie que l’IBAN renseigné est valide, fonctionnel, puisse supporter le prélèvement SEPA ou encore que le compte bancaire correspondant puisse être débité.
Pour des entreprises, encore une fois aux marges réduites, c’est une prise de risque qu’il est primordial de limiter, surtout si les paniers sont élevés.
Sans quoi, cela peut constituer un réel problème pour la rentabilité économique de ces marchands.
Enfin, le troisième enjeu pour les distributeurs dans le cadre des paiements récurrents, c’est l’expérience client.
Aujourd’hui, demander un IBAN sur mobile à un consommateur pour mettre en place un prélèvement automatique, c’est un casse-tête et une source claire d’abandon de panier.
Il faut quand même bien entendre les mots du client derrière l’abandon de la transaction en cours “Je n’y arrive pas et ça m’ennuie de renseigner mon IBAN que je ne retiens pas entre le site de ma banque et le site du marchand… donc je cherche ailleurs !”.
En réalité, les parcours de mise en place de prélèvement automatique qui sont proposés aujourd’hui ne sont pas suffisamment fluides et l’expérience utilisateur est mauvaise. A fortiori sur un mobile !
Sans compter un point important qui vient s’ajouter à tout cela : il n’y a pas de vraie validation entre le consommateur en train de réaliser la transaction et l’IBAN qu’il a pu transmettre, même avec l’envoi d’un OTP par SMS (message comportant un code à usage unique permettant une authentification forte).
On ne peut pas vérifier que l’IBAN lui appartienne réellement et pour le consommateur, il n’a pas le bénéfice de l’authentification forte le protégeant sur l’accès et l’utilisation de son compte.
A l’ère des paiements électroniques, je ne crois pas que l’on soit dans l’authentification forte au sens propre avec ce système : nous sommes davantage dans du déclaratif et ce n’est pas le standard de sécurité attendu.
Alors, pour le marchand, l’enjeu est de rendre l’expérience client la plus fluide et la plus simple possible.
Mais alors Jérôme, comment réglons-nous ces 3 enjeux pour ces entreprises à marges réduites ?
Je pense que tous ces enjeux peuvent être résolus avec l’Open Banking et particulièrement avec l’Account Information Service (AIS) et notre offre SlimCollect Verify.
SlimCollect permet d’avoir un onboarding rapide d’un IBAN sur mobile, avec une authentification forte et réellement forte cette fois-ci car l’authentification est donnée directement par l’application bancaire du payeur.
Toutes les données confidentielles du payeur comme son IBAN, son prénom ou encore son nom sont transmises directement depuis la banque vers le PSP du marchand afin de mettre en place des paiements fiables.
En plus de ces informations précises, l’Open Banking permet aux sociétés régulées comme SlimPay par exemple, en tant que PSP, d’avoir accès à l’historique de la balance du compte du payeur, ce qui nous permet de pouvoir réaliser des évaluations de sa capacité à payer. De cette manière, il nous est possible d’optimiser la présentation des paiements pour le compte du marchand.
C’est donc, non seulement aujourd’hui un processus de paiement aussi sécurisé que la carte bancaire, mais en plus, celui qui résout tous les problèmes de frictions en termes d’expérience client pour créer des paiements récurrents par prélèvement simples et fluides.
Qu’allons-nous leur apporter de plus demain ?
Plusieurs choses ! En premier lieu, on est conscient que l’Open Banking est encore nouveau, particulièrement en France et que cela prendra un peu de temps pour être pleinement adopté en Europe centrale et en Europe du sud.
Mais, on est aussi conscient des capacités de l’Open Banking et de tout son intérêt pour les marchands, via leur PSP, d’un accès aux comptes des consommateurs en authentification forte, et d’en récupérer certaines données.
De notre côté, nous travaillons sans relâche à l’amélioration de notre parcours client sur SlimCollect qui reste encore perfectible. Notre objectif est d’atteindre un parcours encore plus facile et simple qu’un paiement par carte bancaire.